Le Danemark largue Microsoft pour l'open source : coup de poker ou retour au bon sens ?

Le Danemark claque la porte à Microsoft et mise tout sur l’open source. Réduction des coûts, souveraineté numérique, mais aussi risques techniques : on décrypte ce virage stratégique.

3 minute de lecture
Par Arnaud
Le Danemark largue Microsoft pour l'open source : coup de poker ou retour au bon sens ?

C’est officiel : le Danemark en a marre de payer des licences à Microsoft. Et quand un pays nordique commence à faire ses comptes, généralement, ce n’est pas pour rire. Le gouvernement danois a donc décidé de virer progressivement les produits Microsoft de son administration pour les remplacer par des solutions open source. Linux, LibreOffice, Nextcloud & co au menu.

Un choix évidemment salué par les libristes… mais aussi porteur de sacrés défis.


Un divorce avec Microsoft (mais pas sans conséquences)

Le Digitaliseringsstyrelsen (agence numérique du Danemark) a tranché : trop de dépendance à un seul fournisseur américain, trop de risques sur les données, trop de fric jeté par les fenêtres. Bref, Microsoft, merci pour les services, mais c’est l’heure de prendre ses cliques et ses clauses de licence.

Ce que ça veut dire en pratique ?

  • Bye bye Office 365 : on revient à LibreOffice (et on pleure sur les macros Excel).
  • Exit Windows : Linux dans les starting blocks.
  • Adieu Teams : bonjour aux solutions de visio libres (genre Jitsi ou BigBlueButton).

Mais attention : il ne s’agit pas d’un switch en mode punk anarchiste. La migration sera progressive, pilotée et évaluée. On parle de tests grandeur nature avant un déploiement étendu.


Pourquoi l'open source ? Spoiler : pas (que) pour les pingouins

Ce changement n’est pas juste un fantasme de barbu libriste qui tape du code dans un sous-sol en buvant du maté. C’est une stratégie politique.

Les raisons principales :

  • Souveraineté numérique : les données des citoyens doivent rester sur le sol national, pas sur les serveurs d’Azure (soumis au Cloud Act US).
  • Réduction des coûts : des millions d’euros dépensés chaque année en licences, ça pique.
  • Interopérabilité : sortir du format propriétaire et passer aux formats ouverts (ODF au lieu de DOCX par exemple).
  • Éthique & transparence : l’open source permet de vérifier le code, d’adapter les outils, et de contribuer à une communauté.

C’est déjà testé ailleurs (et ça n’a pas toujours bien fini)

On ne va pas se mentir : ce genre de projet, c’est pas la première fois qu’un pays le tente. Munich avait aussi viré Microsoft pour adopter Linux et LibreOffice. Et… ils sont revenus en arrière après quelques années, sous pression politique et à cause d’une expérience utilisateur jugée trop compliquée.

Donc le Danemark, s’il veut réussir, devra :

  • Former ses agents.
  • Accompagner la migration des fichiers (bonjour les tableaux Excel avec macros).
  • Garantir des outils collaboratifs efficaces.
  • Ne pas céder à la pression lobbyiste.

Est-ce que ça va marcher ?

Personne n’a de boule de cristal, mais quelques indices sont encourageants :

  • Le Danemark est très avancé sur le numérique (presque 100% des démarches administratives sont dématérialisées).
  • Le pays a déjà investi dans des infrastructures cloud locales.
  • Il ne fait pas cavalier seul : l’Allemagne (Schleswig-Holstein) suit la même voie.

Bref, le timing est bon. L’envie est là. Et les outils open source n’ont jamais été aussi matures.


Ce que ça change pour toi (même si tu vis pas à Copenhague)

Ce genre de mouvement peut faire effet boule de neige. Si ça fonctionne, d’autres pays pourraient suivre. Et les logiciels libres pourraient gagner en visibilité, en financement, en communauté. Ce qui est bon pour tout le monde.

Imagine un monde où :

  • Les administrations n’utilisent plus de formats fermés.
  • Les contribuables ne payent pas pour Word.
  • Les étudiants peuvent accéder à leurs outils de travail librement.

Utopie ? Peut-être. Mais quand les pays scandinaves s’y mettent, on sait que ça ne reste pas une blague de geek sur Mastodon.


En bref

Le bon moveLe pari risqué
+ Moins de dépendance- Difficultés de transition
+ Plus de sécurité des données- Formation obligatoire
+ Économie potentielle à long terme- Risques de compatibilité (documents, macros, habitudes)
+ Effet d’entraînement possible- Résistance au changement interne
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