Faut-il encore débunker ou juste tout laisser brûler ?

Une fake news se répand plus vite qu’une traînée de poudre sur Twitter, est-ce que ça vaut encore le coup de perdre du temps à rétablir la vérité ? Spoiler : pas toujours.

Faut-il encore débunker ou juste tout laisser brûler ?

La vérité en sandales face au bullshit en jetpack

Bienvenue dans le monde de la loi de Brandolini. Une fake news peut être pondu par un compte random en 8 secondes chrono. Mais pour la réfuter ? Il faut du temps, des sources, de la patience… et parfois une thèse en sociologie. Autant dire que le match est déséquilibré.

Pendant que tu expliques que non, Bill Gates n’a pas planqué une puce 5G dans le vaccin, l’algorithme a déjà propulsé la vidéo au sommet des tendances. Résultat : des millions de vues pour une connerie, et trois retweets fatigués pour ta vérité argumentée.


Le coût invisible du fact-checking

Ce qu’on oublie souvent, c’est que débunker a un prix :

  • Temps : écrire un thread, citer les sources, vulgariser… ça prend des heures.
  • Énergie mentale : affronter les trolls, les conspi et les convaincus d’avoir raison fatigue plus qu’un lundi matin sans café.
  • Invisibilité : la vérité ne buzz pas. Un bon fact-check fait moins de bruit qu’une vidéo d’un type en t-shirt fluo qui crie « réveillez-vous ».

Et encore, on parle même pas des menaces que reçoivent ceux qui passent leur vie à corriger la désinfo.


À quoi bon débunker si personne n’écoute ?

Tu veux la vérité ? La plupart des gens ne veulent pas la vérité. Ils veulent :

  • Du spectacle
  • Du choc
  • Une confirmation de leurs biais

T’as beau sortir l’article de Science & Vie, la plupart préféreront le « j’ai vu une vidéo où un gars explique que... ».

Le problème, ce n’est pas que la vérité n’existe pas. C’est qu’elle n’intéresse plus.

Quand débunker devient contre-productif

Piège classique : en répondant à une fake news, tu la remets dans le flux. Tu l’amplifies. Tu valides qu’elle mérite une réponse. Et tu offres une scène à ceux qui la propagent.

C’est ce qu’on appelle l’effet Streisand inversé : tu tires la sonnette d’alarme, et tout le monde se rue vers la connerie pour voir de quoi il retourne.


L’autre voie : l’ironie, l’éducation, le chaos

Alors on fait quoi ? On regarde le feu et on sort les marshmallows ?

Pas forcément.

1. L’ironie bien placée

Des comptes comme Le Gorafi, ou des chaînes YouTube comme What The Fake, utilisent le second degré pour exposer l’absurde. C’est plus efficace qu’un cours magistral.

2. L’éducation numérique

Former les jeunes (et les vieux) au scepticisme numérique, aux biais cognitifs, aux sources fiables. C’est long, mais c’est la seule option durable.

3. Le retrait stratégique

Parfois, ne pas répondre, c’est mieux. Ne pas nourrir le monstre. Laisser le buzz mourir de sa propre futilité.


Checklist : débunker ou laisser flamber ?

Situation Débunker ? Pourquoi ?
Fake news virale sur un sujet de santé Oui Impact direct sur la vie des gens
Théorie fumeuse qui touche peu de monde Non Trop de bruit pour rien
Trolling volontaire ou provoc Non Répondre, c’est leur donner la victoire
Info partagée par un proche sincère Oui (avec pédagogie) Le lien humain rend l’effort utile
Vidéo virale avec titre douteux Parfois À faire si tu peux démonter sans donner trop de visibilité

On vit dans un monde où le feu va plus vite que les pompiers. Et parfois, il faut choisir ses batailles.
Débunker, oui. Mais pas tout, pas tout le temps, pas à n’importe quel prix.

Parfois, il vaut mieux laisser le mensonge mourir d’ennui que le combattre à la lumière des projecteurs.


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