Comment Kim Dotcom est passé de pirate du web à prophète conspi borderline

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Par Arnaud
Comment Kim Dotcom est passé de pirate du web à prophète conspi borderline

Pendant longtemps, Kim Dotcom était une sorte de Robin des Bois du Net. Fondateur de Megaupload, provocateur XXL, fêtard milliardaire en pantoufles, il faisait rêver les geeks et cauchemarder Hollywood. Mais aujourd’hui, il est surtout devenu un relais de thèses complotistes moisis, jusqu'à citer des passages des "Protocoles des Sages de Sion", le faux antisémite le plus célèbre de l’Histoire.

Comment un ancien héros du web libre a-t-il sombré dans cette fosse sceptique ?


Kim Dotcom : hacker, flambeur et troll international

Petit rappel :

  • Années 2000 : Kim Schmitz, alias Dotcom, crée Megaupload. Le service devient un incontournable du partage de fichiers (et de piratage de films).
  • 2012 : les fédéraux US le tombent. Accusations de blanchiment, atteinte au droit d'auteur, extradition demandée.
  • Il se planque (et vit comme un prince) en Nouvelle-Zélande, où il mène un combat judiciaire contre les USA.

Jusque-là, même si son style est controversé, il incarne un combat pour un Internet libre face aux ogres de l’industrie culturelle.

Mais depuis, il a changé de croisade.


Le virage conspi : tout est lié, tout est faux, sauf lui

À mesure que sa situation judiciaire stagne, Kim Dotcom se radicalise. Sur X (ex-Twitter), il enchaîne :

  • Posts anti-Ukraine, pro-Russie, pro-Trump,
  • Reprises de narratifs QAnon,
  • Accusations contre les "élites", le "deep state", les "banquiers", etc.

Et surtout, il relaie des extraits des Protocoles des Sages de Sion, ce vieux texte inventé par la police tsariste pour justifier les pogroms, puis recyclé par les nazis.

Ce n'est pas de l'"analyse lucide". C'est du complotisme antisémite réchauffé, déguisé en grande révélation.


Les Protocoles : la supercherie originelle

Ce document, publié au début du XXe siècle, décrit un soi-disant plan juif pour dominer le monde. Il a été formellement démonté, source étudiée, et classé comme un faux grossier.

Mais il continue de circuler, notamment dans les sphères complotistes qui cherchent un coupable unique à tout ce qui va mal dans le monde.

Alors quand Kim Dotcom s’en inspire (même sans le dire ouvertement), il participe à propager un des pires poisons idéologiques du siècle dernier.


Le problème n’est pas qu’il soit allumé. C’est qu’il soit suivi.

Kim Dotcom n’est pas juste un ex-magnat du warez. Il a une audience de plusieurs centaines de milliers de personnes, et ses messages circulent largement dans les sphères conspi et d’extrême droite.

Chaque fois qu’il relaye un torchon pseudo-historique ou une citation douteuse, il arme des gens plus dangereux que lui.

Et dans un monde saturé de désinformation, relayer des thèses nauséabondes sans recul, c’est être complice.


Kim Dotcom, ou la dérive d’un ego blessé

Ce qui ronge Kim Dotcom, ce n’est pas seulement la justice américaine. C’est d’avoir perdu son statut de héros. Il était admiré, adulé, interviewé... et aujourd’hui, il crie dans le vide en espérant que ses followers voient en lui un résistant.

Mais ce n’est pas de la résistance. C’est une dérive. Et elle sent très fort le moisi.


Ne confondons pas pirates et prophètes

Le vrai combat pour un Internet libre, la protection des données, la critique des GAFAM... tout ça est légitime.

Mais le faire au nom de "plans secrets", de fantasmes ethniques ou de citations frelatées sorties de l’Histoire noire ? Non.

Kim Dotcom avait du style. Aujourd’hui il n’a plus que de la rage. Et franchement, il vaut mieux le lire comme un cas d’étude que comme une source d’inspiration.

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